Les TCA sont ni psychotiques ni névrosées! Et si c'était la zone de récompense au niveau cérébral qui dysfonctionnait?
Sources:
• Philibert Duriez, chercheur au sein de l’équipe vulnérabilité génétique aux comportements addictifs de l’unité INSERM basée sur le site Sainte-Anne du GHU Paris
• Salah El Mestikawy, professeur à l’Institut universitaire en santé mentale de l’université McGill à Montréal
• Philip Gorwood professeur de psychiatrie à l’Université de Paris et responsable de la Clinique des maladies mentales et de l’Encéphale, la CMME à l’hôpital Sainte Anne
Comment s'installe un TCA ?
Sur un terrain de facteurs de prédispositions, il y a la recherche de la maîtrise du poids qui bascule vers le contrôle, le tout alimenté initialement par des encouragements, par une récompense de la part de l’entourage tel que « Ah, tu as minci, tu es jolie ! »
Plus exactement, c'est moins la phobie de prise de poids que la mise en place d’actions qui mènent à la perte de poids.
Jusqu’à des conséquences graves dans certains cas !
Comment le cerveau fonctionne « normalement » ?
Prenons un exemple :
1. Je décide de passer le permis voiture.
Ou, je décide de faire attention à ma silhouette.
Pour cela, je mets en place une action pour atteindre ma RECOMPENSE.
- qui sera de suivre des cours de conduite. Ce qui va me demander beaucoup d’attention, parfois me provoquer des mots de tête et de la fatigue. Mais malgré ceci, je poursuis jusqu’à obtenir le permis.
- ou qui sera de commencer un petit régime. Cela va être contraignant dans les premiers temps, je vais être fatiguée mais, malgré cela, je poursuis jusqu’à voir mon poids baisser.
2. Quelques mois passent et je rentre en mode AUTOMATIQUE.
Ou je me surprends à ne plus réaliser que je conduis, je peux penser à ma journée, etc. La conduite devient plaisir.
Ou, je me surprends à me sentir plus légère, on me regarde autrement, le régime devient satisfaction.
3. Parfois, je vais devoir m’ADAPTER .
Ou, par temps de verglas, de pluie, je vais être plus vigilante. Dans le but de ne pas avoir d’accidents !
Ou, par période de surcharge au travail, ou d’un déménagement, je vais manger davantage pour répondre à ce changement, sans en ressortir épuisée !
Comment le cerveau (striatum- zone de récompense ) dysfonctionne et que cela devient pathologique ?
Dans le cas 4,
ou, je vais conduire par automatisme sans m’adapter au risque d’avoir un accident.
Ou, je vais continuer à contrôler mon poids en renforçant mes stratégies bien que cela me conduisent à des conséquences graves !
A l’origine de ce comportement pathogène : des neurotransmetteurs !
Deux neurotransmetteurs sont impliqués : l’acétylcholine ACT et la dopamine DA.
Quand l’ACT est perturbée, ceci déclenche un dysfonctionnement au niveau de la réponse dopaminergique dans le striatum.
=> Résultat :
ou il y a un excès de DA dans le putamen, zone d'automatisation.
ou il y a baisse du taux de DA dans la zone d’actions conscientes, l’accumbens.
RESULTAT : RENFORCEMENT DES HABITUDES !
Ce qu’il faut retenir !
La recherche avance => essai clinique avec le traitement par @donépézi.
Et, au regard de ce mécanisme (difficulté à modifier les stratégies initiales, malgré la mise en danger), comment la psychothérapie peut aider ?
Pistes à explorer :
- Est-ce que la patiente est capable de repérer ce qui la maintient dans l’automatisation?
- La dissociation entre la réalité (mise en danger) et l’automatisation des stratégies?